Juin 1944
C’est en mémoire de sa mère qui, tout le long de son adolescence et de sa maturité, avait permis sa formation musicale malgré les entraves paternelles, que Saint-Martin composa ce Kyrie funèbre pour 4 voix mixtes et deux orgues, cuivres ad libitum.
L’amour filial jaillit du cœur. Il n’est pas question d’envelopper un tel deuil d’enjolivures musicales. L’on va droit à l’essentiel, l’appel à la miséricorde divine pour le salut d’une mère très chérie. Kyrie eleison ! Supplication tellement ardente qu’elle déborde largement le cours de la liturgie avec pas moins de quatorze Kyrie, douze Christe et les sept Kyrie suivants. Trente-trois appels, l’âge de la mort du Christ…
Telles des pleurs, les fluctuations chromatiques des alti et des ténors traversent les appels pressants exprimés par le grand orgue, les soprani et les basses. Divers accords traduisent aussi la douleur latente. Après la prière du Christe et comme si le Consolateur rendait inutile de multiplier les adjurations, la reprise des Kyrie se fait à la fin plus concise. Les supplications se font plus priantes. Dans le dernier Kyrie, l’auteur ne peut retenir le cri d’un saut à l’octave. Après un bref silence, tout s’apaise.
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