Janvier-avril 1940
Ce poème symphonique a été inspiré par le premier chapitre de « L’Arche » de Renée de Brimont. Adam et Eve, chassés de l’Eden, fuient sous la malédiction. S’arrêtant épuisés, ils s’endorment en rêvant de ce Paradis qu’ils ont perdu. Autour d’eux, le monde tout neuf et innocent proclame la gloire du Créateur. Mais eux, l’un après l’autre, subissent leur sort mortel.
– La marche sous la malédiction dans la tempête et le rêve évocateur du Paradis perdu
Chassés du Paradis, Adam et Eve, épouvantés, se mettent en marche, une marche sans but, obsédante, entrecoupée de brèves respirations angoissées. Les éléments se déchaînent. C’est une fuite éperdue. Epuisés, ils s’affalent. Le chant d’une flûte leur rappelle ce paradis perdu.
– Les éléments et la vie
Un thème bien scandé chante l’exaltation de la nature naissante. Par moments, le tutti lance comme des jets de lumière. Puis le rythme ralentit et, recueillie, une mélodie s’élève en action de grâces. Partant du lointain de l’orgue, le thème principal revient crescendo avant de prendre la forme d’un large choral. Après deux énergiques interpellations en tutti, le mouvement s’achève sur la réexposition très retenue du thème mélodique.
– Mort d’Adam. Prière et mort d’Eve
Le thème principal de ce mouvement prend naissance à la pédale dans un sombre ut mineur. D’une tristesse infinie, il monte aux claviers jusqu’à son énoncé dans l’aigu, suppliant ; puis redescend lentement et vient mourir sur le dernier ut du clavier.
Des marches harmoniques se succèdent alors en ferventes implorations qui aboutissent à un rappel du motif de l’évocation du paradis perdu. Les implorations reprennent, mais s’épuisent au bout de quelques mesures pour faiblir jusqu’à l’ut grave du pédalier. La clarté d’une flûte rappelle le thème principal ; transfiguré, c’est maintenant comme une main mystérieuse qui se tend du haut du ciel. Le chant d’une clarinette lui apporte une réponse confiante. Eve s’éteint doucement.
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